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Visite des Passages Couverts Parisiens
Par Manuel Silveira da Cunha

C’est sous un ciel grisonnant que nous nous retrouvons devant le fameux cinéma du Grand Rex pour la visite des passages couverts aux alentours des Grands Boulevards. Elise, notre guide stagiaire, telle un phare dans la nuit, brandit l’affichette de ralliement du Club International. Les participants, américains, allemands, polonais, anglais, syriens et français bien sûr, arrivent au compte goutte pour finalement être au complet prêts pour la visite.

 

 

Au rendez-vous prêt du Grand Rex


Folklore et histoires au centre de Paris

Construites fin XVII ème début XVII ème siècle, les galeries commerçantes, souvent appelées passages couverts, sont recouvertes de verrières. Paris en comptera jusqu’à 140 qui connaîtront leur heure de gloire au XIX ème siècle. C’est entre le Palais Royal et les grands boulevards que seront construites les plus connues et les plus belles.

Les passages couverts sont pleins du folklore parisien. Ils fourmillent de petits cafés, de restaurants et d’hôtels, de boutiques, vendant timbres, faire-part artisanaux, souvenirs. Ils constituent des raccourcis bien pratiques entre plusieurs des grands boulevards, loin du bruit et de la pollution, baignant dans une ambiance d’un autre temps.

Lorsque nous pénétrons dans le 1er passage, nommé « Verdeau », David un membre anglais du club s’exclame surpris « Je ne l’aurai sûrement pas vu si j’étais passé devant ». En le traversant, Elyse nous explique le rôle que jouaient les passages couverts à la belle époque. Lieux entourés de théâtres, de cafés, de maisons closes, c’était le cœur de la vie nocturne parisienne, temple du rire et des plaisirs. La prostitution allait bon train, comme le rappel le roman "Nana" du romancier sociologue Emile Zola, le jeu était partout, les pièces de théâtre légères attiraient les foules.

Dans le prolongement de la galerie Verdeau, le passage Jouffroy, peut-être le plus connu grâce au musée Grévin. Il s’y trouve le dernier hôtel existant encore dans un passage couvert (et il est relativement bon marché avec des chambres à 60 € la nuit). Ce passage, rénové en 1987, a encore beaucoup de succès pour les restaurants qui y sont établis. « C’est le Paris des cartes postales » lance Lydia, une de nos membres américaines entre deux commentaires.

Le Palais Royal

Un peu plus loin nous découvrons le passage des Panoramas créé par Furlong l’inventeur du sous-marin, environné à l’époque de théatres qui produisaient des pièces légères. Témoin de sa grandeur passée, le magasin Stern, spécialisé dans les faire-part artisanaux de toute sorte, occupe une partie de la galerie, une plaque de pierre marquant toujours son emplacement.

Nous continuons notre ballade par une petite marche pour rejoindre le prochain passage couvert. Nous passons devant le palais Brongniart, emplacement de la fameuse Bourse de Paris, construit par Napoléon dans un style architectural très politique (triomphaliste). Le palais nous semble à tous décoré d’une étrange façon ce jour là, mais nous découvrons qu'il est le lieu d’un défilé et d’une conférence sur la Mode Masculine. Juste en face nous passons devant le bâtiment de l’A.F.P. (Agence France Presse), équivalent français de Reuter, et lieu important pour les spécialistes de l’information en France.

 

Le Paradis du Luxe à la Française

En face de l’ancien bâtiment de la BNF (Bibliothèque Nationale de France), nous arrivons à la magnifique Galerie Vivienne. C’est Jean-Paul Gautier qui y installe sa première boutique dans les années 60, ce qui donnera le coup de pouce qui re-popularisera les galeries comme Centre du Luxe à Paris. Plusieurs autres magasins de luxe s’y sont d’ailleurs depuis installés et David remarque avec humour : « C’est dans les magasins parisiens que l’on trouve les vêtements les plus chers. Pour le prix de certains d’entre eux, on pourrait acheter une voiture. »

Nous poursuivons plus loin vers la galerie Colbert, dont l’architecture et l’arrangement semblent encore plus luxueux que ceux de la Galerie Vivienne. Elise nous raconte : « Cette galerie a été commandée par un financier dans le même esprit et dans l’espoir de concurrencer la galerie Vivienne. Malheureusement pour lui et malgré la magnificence du lieu, c'était un retentissant échec commercial. » L’endroit depuis a été racheté par la BNF et loué par salle à différentes universités parisiennes.

 

 

Des galeries plus belles les unes que les autres



Photo de Groupe

Après un raccourci nous arrivons dans les jardins du Palais Royal. C’est ici que le duc d’Orléans a fait construire les premières galeries couvertes, car il était un homme dépensier et qu’il voulait s’assurer le revenu fixe des loyers des commerces qu’il avait fait construire sous ces galeries. « C’était un lieu ou se côtoyait les milieux du crime les plus viles et les magasins de luxe les plus à la mode. C’était une zone où la police ne pouvait s’aventurer car il s’agissait d’un domaine royal. »

En marchant vers le Palais Royal à travers ces galeries, Franz un membre allemand du club lance : «  En France tout est impressionnant, grand et beau. J’aime vivre ici, il y a toujours quelque chose à voir ou à découvrir. En Allemagne presque tout a été détruit durant la guerre. »

Notre visite s’achève au passage Vero Dodat, lieu d’un terrible fait divers. « Un hôtel particulier se dressait ici, nous conte Elyse, et toute la famille qui y vivait a été empoisonnée par une des filles qui a ensuite été décapitée par la justice. C’est la collaboration d’un charcutier et d’un financier qui avait racheté l’endroit qui a fait naître le passage. » C’est peut être le plus discret des passages, mais non pas le moins beau. Il réunissait de très bons marchands d’étoffes chez qui les femmes de la bourgeoisie allaient s’approvisionner en tissu avant de les porter à confection chez un tailleur.

Nous sommes tous à ce point un peu fatigué. Nous avons marché à travers plusieurs arrondissements parisiens. C’est pourquoi nous nous sommes tous ensembles dirigés vers un café pour manger un bout pour certains, boire un coup pour d’autres et tout simplement passer un bon moment avant de rentrer.

 

 

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